Les imaginaires

Le progrès ce n’est pas de faire éclore des routes dans des paysages déjà merveilleux, mais de faire éclore la réceptivité dans des cerveaux qui ne le sont pas encore” – Aldo Léopold.

En 2014 le muséum d’histoire naturelle publie une étude* qui fait l’hypothèse que, si les adultes des générations qui se succèdent sont de moins en moins « connectés » avec la nature, leur représentation mentale de l’environnement naturel est de moins en moins riche et précise. Testée dans la filmographie Walt-Disney et Pixar, les chercheurs ont constaté que la représentation de la nature a baissé entre 1940 et 1980, que ce soit en termes de durée ou de complexité. Tout comme dans notre quotidien, les vivants non-humains disparaissent de nos imaginaires. Plus qu’une crise des sociétés humaines d’un côté, plus qu’une crise des vivants de l’autre, c’est une crise de l’imaginaire de nos relations au vivant. “Que sont les abeilles si les relations qu’on entretient avec elles ne sont plus stabilisées, car elles en meurent, et si simultanément leur statut change, parce qu’on prend la mesure de leur rôle dans les boucles de pollinisation qui rendent la vie humaine et extrahumaine vivable ? ”**, “nous sommes voués à repenser ensemble relations pratiques et statut ontologique […] pour rendre le monde habitable ”**. 

Le design et plus particulièrement le « design fiction » produit des récits qui ouvre des possibilités de futur en rapport avec les mutations du monde. Le design peut aussi être utilisé pour éclairer la complexité du présent et d’anticiper concrètement les évolutions possibles. Dans ce cadre, Zoepolis explore de nouveaux imaginaires afin de les intégrer a la fois dans la discipline des designers, mais aussi recoloniser largement le quotidien des humains. Six axes de recherche sont identifiés :

  • Créer des outils pour recoloniser l’imaginaire des designers par les vivants ;
  • Rendre le quotidien étrange pour aider à prendre du recul ;
  • Créer des imaginaires crédibles et ouvrir de nouvelles perspectives de cohabitation et de coopération avec les vivants ;
  • Utiliser les imaginaires  comme outil de lutte contre les imaginaires dominants qui nous empêchent de penser autrement notre rapport au vivant ;
  • Développer un réservoir d’idées et créer des moyens de divergence pour explorer de nouveaux modes de vie ;
  • Générer de l’action en offrant des récits alternatifs pour créer des convergences et des controverses.

En travaillant l’imaginaire Zoepolis ouvre une pratique créative spécifique qui explore le futur de nos relations aux vivants non-humains et dans nos milieux écologiques. “S’il y a un avenir enviable et imaginable, c’est dans le retour au vivant” – (Alain Damasio)

* Anne-Caroline Prévot, Les représentations de la nature se simplifient-elles depuis 70 ans, 2014, SFE².

** Baptiste Morizot, Nastassja Martin, Retour du temps du mythe,2018, Issue – Journal of art & design HEAD – Genève, IRADE